Bernard Morin, maître de forge |
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Bernard Morin,
maréchal-ferrant forgeron de Saint-Martin-des-Champs, a toujours eu la passion des
métaux. Rencontre avec un chausseur de chevaux.
C'était
dans les années quarante, et déjà sur les bancs de la communale de Champcevrais, le
jeune Bernard Morin vouait une véritable passion pour le travail du fer. Sans aucun
doute, il deviendrait maréchal-ferrant. |
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Le chausseur de chevaux sera désormais condamné aux
fers à Saint-Martin-des-Champs. Là, il reprendra pour son compte personnel
lancienne maréchalerie du père Fanet décédé peu auparavant. En 1952,
Saint-Martin-des-Champs comptait plus dun demi-millier dhabitants. Le village
vivait alors au rythme de lhomme et de ses gestes. Cétait encore le temps de
la fraternité par le travail, qui sétablissait entre les trois épiciers du
village, les artisans locaux, le monde agricole et les trois bistrots du pays. Bernard Morin lui dominait la matière. Avec une admirable constance, sa mailloche martelait durant de longues heures le fer sur lenclume. La maréchalerie était un lieu de rencontre. Qui au village na pas eu à faire un jour avec cet homme à la force légendaire ? |
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Bernard Morin
travaillait au rythme des saisons. Maîtrisant parfaitement aussi bien les travaux de
forge que le ferrage des chevaux, il était un peu lhomme à tout faire du village.
Les heures ségrenaient à fabriquer ou réparer des serrures, des socs de charrues,
ou des outils. Il embattait également les roues de voitures fabriquées par le charron.
Une dure et spectaculaire besogne qui consistait à assembler les bandages de fer aux
roues après avoir été chauffés au rouge. Son principal ouvrage était cependant le
ferrage des chevaux. Sur la commune de Saint-Martin-des-Champs plus de 200 chevaux étaient recensés. Dans son échoppe enfumée, fleurant la corne brûlée, affublé de son épais tablier de cuir cousu par le bourrelier, Bernard Marin décrochait le fer usagé avec les tricoises. Il éliminait ensuite lexcédent de corne à laide dune lame appelée rogne-pied, le fer chauffant entre temps sous le charbon réactivé de temps à autre au soufflet. Un travail obscur et généreux qui ne le mènera pas sur les chemins de la fortune mais avec leffort de lhomme, louvrage était respecté et le forgeron-maréchal jouissait dune bonne considération au village. Les festivités au pays étaient plutôt rares à cette époque. Bernard Morin avait appris laccordéon dans sa jeunesse, il animait ainsi les petits bals du samedi soir. Loccasion pour les paysans endimanchés doublier pour quelques heures le dur labeur des champs, et de conter fleurette au son dune bonne bourrée, ou tout simplement de chopiner avec le charretier voisin. La vie sécoulait ainsi sans que rien ni personne nait eu à y redire. Malheureusement avec lapparition des engins mécaniques, les chevaux et les petits métiers dautrefois seront engloutis dans le royaume mystérieux doù lon ne revient pas. Bernard Morin lui finira sa carrière toujours comme forgeron, mais cette fois à la centrale de Belleville-sur-Loire.Jean-Claude TSAVDARIS |
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Site de la commune de Saint Martin des Champs (Yonne) http://www.saintmartin89.free.fr |